NH₃ vs CO₂ en réfrigération industrielle

Comprendre, comparer, choisir

Face aux exigences croissantes en matière de performance, de conformité réglementaire et de responsabilité environnementale, les gestionnaires d'installations industrielles doivent aujourd'hui maîtriser les enjeux techniques et économiques des systèmes de réfrigération.

Cette décision, loin d'être purement technique, impacte directement la rentabilité opérationnelle, la sécurité des installations et l'empreinte carbone de l'entreprise.

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NH₃ ou CO₂ ? Les clés pour choisir votre fluidefrigorigène naturel

Le choix du fluide frigorigène est une décision stratégique pour toute installation de réfrigération industrielle. Deux solutions prédominent aujourd’hui dans l’industrie : l’ammoniac (NH₃) et le dioxyde de carbone (CO₂). Toutes deux sont considérées comme des fluides « naturels » – c’est-à-dire à faible impact environnemental – mais elles présentent des caractéristiques techniques, économiques et réglementaires distinctes.

Au Québec et au Canada, où l’industrie fait face à des enjeux croissants de performance énergétique, de sécurité, de conformité et de développement durable, il est essentiel de bien comprendre les différences entre NH₃ et CO₂ pour orienter ses choix technologiques.

Propriétés physico-chimiques

Ammoniac (NH₃)
  • Formule chimique : NH₃
  • Température d’ébullition : -28°F (-33.3°C) à pression atmosphérique
  • Capacité de refroidissement massique élevée (fort pouvoir frigorifique)
  • Non miscible à l’huile, nécessite une gestion spécifique du retour d’huile
  • Incolore, odeur piquante caractéristique : détectable à très faible concentration
 
Dioxyde de carbone (CO₂, R744)
  • Formule chimique : CO₂
  • Température d’ébullition :  -109,3°F  (-78,5°C) (sublimation), mais utilisé sous forme liquide/gaz dans des conditions contrôlées (circuit transcritique ou sous critique)
  • Densité élevée : permet des installations compactes
  • Miscible à l’huile adaptée
  • Inodore, incolore : détection par capteurs de concentration

Sécurité et gestion des risques

 
NH₃ : efficacité, mais risque toxicologique
  • Toxicité : l’ammoniac est toxique pour l’homme dès de faibles concentrations (TWA Québec : 25 ppm, STEL : 35 ppm)
  • Inflammabilité : légèrement inflammable à partir de 15-28% dans l’air (classe B2L)
  • Détection facilitée : odeur très prononcée, fuite détectable rapidement
  • Gestion réglementée : normes sévères de protection, ventilation, formation, plans d’urgence
 
CO₂ : sécurité accrue, mais attention à l’asphyxie
  • Non toxique aux concentrations usuelles, mais risque d’asphyxie à forte concentration (gaz plus lourd que l’air)
  • Non inflammable (Classe A1)
  • Détection uniquement par capteurs
  • Pressions de fonctionnement très élevées : exigences sur la robustesse et la certification des équipements (jusqu’à 1764 psig (120 bar) en transcritique)

Performance énergétique

NH₃ : l’excellence pour le rendement et le grand froid
  • Coefficient de performance (COP) élevé, surtout à basse température
  • Excellente efficacité pour les installations de grande capacité (entrepôts frigorifiques, industries agroalimentaires, transformation)
  • Adapté au fonctionnement prolongé et à la variation de charge
 
CO₂ : flexibilité et performance, même en climat froid
  • Très efficace pour les applications de température moyenne (réfrigération commerciale, supermarchés, entrepôts logistiques)
  • En mode transcritique, le COP peut être inférieur à NH₃ par temps chaud, mais dans le climat québécois, les performances sont très compétitives
  • Systèmes compacts : adaptation facile en zone urbaine ou espaces restreints

Enjeux environnementaux

NH₃ et CO₂ : des choix responsables
  • Potentiel de réchauffement global (PRG/GWP) :
    NH₃ = 0,
    CO₂ = 1 (référence)
  • Non destructeurs de la couche d’ozone
  • Tous deux favorisés par la réglementation (protocole de Montréal, F-Gaz), contrairement aux HFC/HFO

 

Contraintes règlementaires spécifiques
  • NH₃ : obligations strictes sur le stockage, la ventilation, la formation des opérateurs, plans d’urgence (CNESST, CSA B52, etc.) nécessité de certification des équipements haute pression selon les secteurs.
  • CO₂ : nécessité de certification des équipements haute pression, protocoles de détection et ventilation adaptés

Réglementation spécifique au Québec : exigences, obligations et différences selon le fluide

Au Québec, l’encadrement réglementaire des systèmes de réfrigération est particulièrement rigoureux, tant pour l’ammoniac (NH₃) que pour le dioxyde de carbone (CO₂). Les entreprises doivent se conformer à une mosaïque de lois, règlements et normes techniques qui visent à protéger la santé, la sécurité du public, des travailleurs, et l’environnement.

Réglementation NH₃ (Ammoniac) au Québec
  • Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) et Règlement sur la santé et la sécurité du travail (RSST) : L’ammoniac étant classé comme substance dangereuse (toxicité, inflammabilité), toute installation doit faire l’objet d’une analyse de risques, d’un plan de mesures d’urgence, et d’une signalisation spécifique.
  • Code CSA B52 (Code sur la réfrigération mécanique), applicable dans la province, impose des exigences accrues sur :
    • Conception et installation (distance par rapport aux zones habitées, ventilation obligatoire, matériaux)
    • Détection de fuite d’ammoniac (systèmes automatiques, alarmes, entretien périodique)
    • Protocoles de confinement et de limitation des conséquences en cas de fuite
  • CNESST (Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail) : Inspection obligatoire des installations sous pression, formation des opérateurs, déclaration des incidents.
  • Plan d’urgence : Les installations d’une certaine taille doivent déposer un plan d’intervention auprès des autorités locales (municipalité, service incendie).

 

Réglementation CO₂ (Dioxyde de carbone) au Québec
  • Code CSA B52 s’applique aussi au CO₂, avec des exigences spécifiques sur la robustesse des équipements (matériel haute pression certifié), la ventilation des locaux techniques, et la gestion des évacuations.
  • Risques d’asphyxie : Le CO₂ étant plus lourd que l’air, des détecteurs de concentration et des systèmes de ventilation adaptés sont exigés dans les locaux fermés.
  • Inspection des équipements sous pression : Même si le CO₂ est non toxique et non inflammable, les installations fonctionnant à haute pression doivent être déclarées à la RBQ (Régie du bâtiment du Québec) et inspectées périodiquement.
 
Gestion documentaire et traçabilité
  • Pour les deux fluides, il est obligatoire de tenir à jour : Registre des inspections et de la maintenance, Rapports de fuites et d’interventions, Documentation des formations des opérateurs , Registres de conformité et de certification des équipements
 
Astuce Soteck Clauger :

L’utilisation d’un portail digital comme MyPortal 3E facilite grandement la gestion documentaire, la préparation aux inspections CNESST/RBQ, et la réactivité en cas d’audit ou de déclaration d’incident.

Synthèse de la règlementation
  • NH₃ : Règlementation beaucoup plus lourde et contraignante (en raison de la toxicité), exigences accrues en formation, plan d’urgence et gestion du risque.
  • CO₂ : Réglementation axée sur les équipements sous pression et la prévention de l’asphyxie, exigences documentaires similaires mais environnements de travail perçus comme moins risqués.

Tableau récapitulatif

CRITÈRES NH₃ (Ammoniac) CO₂ (Dioxyde de carbone)
Sécurité
Toxicité, plans d’urgence, formation obligatoire, détection, plans d’évacuation
Risque d’asphyxie, détection CO₂, ventilation obligatoire
Réglementation Québec
Très stricte : CNESST, CSA B52, plan d’urgence, déclaration incidents, RBQ
CSA B52, RBQ, contrôle des équipements sous pression, gestion de la ventilation
Gestion documentaire
Obligatoire, registre des fuites, inspections, formation
Obligatoire, registre des inspections et entretiens
Autres obligations
Dépôt plan d’intervention municipal, analyse de risques, mesures de confinement
Déclaration des équipements sous pression, contrôle périodique

Coût d’investissement et d’exploitation

NH₃ : investissement initial, mais ROI rapide
  • Coût d’installation souvent plus élevé (sécurités, formation, automatisation avancée)
  • Maintenance spécifique (gestion de l’huile, surveillance des joints)
  • Longévité des installations et faible coût du fluide
  • ROI attractif sur des installations à forte charge frigorifique (parfois <3 ans)

 

CO₂ : compétitif et modulable
  • Systèmes compacts, installation rapide, coûts compétitifs pour des installations de taille moyenne à grande
  • Maintenance facilitée (pas de toxicité, technologie standardisée)
  • Coût du fluide faible, mais équipements sous pression plus onéreux
  • Parfaitement adapté aux extensions ou à la modernisation de sites existants

Innovation, supervision et digitalisation

La digitalisation des installations (monitoring, maintenance prédictive, gestion documentaire) est aujourd’hui un facteur clé de différenciation.

L’intégration d’outils comme MyPortal 3E offre la même valeur ajoutée pour le suivi, l’optimisation et la conformité, que votre choix s’arrête sur NH₃ ou CO₂.

  • Pour NH₃ : supervision accrue des incidents, gestion du plan d’urgence et traçabilité des maintenances critiques
  • Pour CO₂ : suivi précis des cycles transcritiques, optimisation de la consommation, gestion documentaire facilitée

En résumé : choisir selon vos enjeux et contraintes

CRITÈRES NH₃ (Ammoniac) CO₂ (Dioxyde de carbone)
Sécurité
Très réglementée, toxique
Sécurisé, attention à l’asphyxie
Efficacité énergétique
Excellente, surtout dans le grand froid
Très bonne, flexible, performant au Québec
Coût installation
Plus élevé, ROI rapide
Modéré à élevé, flexibilité
Maintenance
Spécifique, formation requise
Standardisée, moins contraignante
Environnement
GWP = 0
GWP = 1, aucun impact Ozone
Réglementation
Très stricte (plans d’urgence, etc.)
Spécifique (pression, détection)
Adaptabilité
Grandes installations
Petites/moyennes/grandes, urbain
Digitalisation (MyPortal 3E)
Optimisation sécurité, conformité
Suivi performance, conformité

En conclusion

 

Au Québec, le choix entre NH₃ et CO₂ doit impérativement intégrer les contraintes réglementaires : l’ammoniac, bien que très performant, impose une gestion exhaustive du risque, une documentation soigneuse et une vigilance de tous les instants.

Le CO₂, quant à lui, séduit par une réglementation moins contraignante sur l’aspect toxicité, mais requiert une expertise technique sur la haute pression et la gestion des atmosphères confinées.

Que vous optiez pour NH₃ ou CO₂, la conformité, la sécurité et la gestion documentaire sont incontournables pour assurer la pérennité de vos installations. Les outils digitaux tels que MyPortal 3E sont désormais de précieux alliés pour rester toujours à la hauteur des standards québécois.

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